Alors que vous vous promeniez à Montmartre, peut-être avez-vous remarqué cette villa, presque totalement cachée par des arbres, à l’angle des rues Girardon et de l’Abreuvoir.
Il s’agit du château des Brouillards…
Son nom vient de la vapeur d’eau qui s’échappait des sources qui, autrefois, affleuraient à la surface et noyaient le paysage dans un manteau de brume.
Le château sort de terre
C’est en 1772, 88 ans avant que Montmartre ne soit rattachée à Paris, qu’un certain Legrand-Ducampjean, avocat au Parlement de Paris, racheta un terrain de 7000m² sur lequel subsistaient les ruines d’une ferme et d’un moulin. Après avoir rasé ce dernier, il fit construire à sa place une folie (ces maisons de plaisance éloignées de la ville, très en vogue du XVIIe au XIXe siècle) et ses communs.

Il inspire les artistes et accueille les marginaux
Gérard de Nerval qui fréquenta le quartier fut à jamais marqué par cette propriété.
Peu après son passage, les communs du château se délabrèrent rapidement et ils furent rasés vers 1850.
Un population bigarrée d’artistes et de marginaux colonisa le terrain et s’installa dans des masures.
Ce fut la naissance du célèbre maquis de Montmartre qui, débordant du terrain du château, allait de la rue Lepic à la rue Caulaincourt et à la rue Girardon. Modigliani, Brancusi y ont vécu et Victor Hugo allait au bal la « Feuillée de Montmartre ».
C’étaient les dernières années de ce terrain vague sur lequel trônait une folie ruinée au milieu des chalets de bois et des cabanes en tôles.

Menacé par l’urbanisation, puis sauvé par un passionné
Le XXe siècle est là et petit à petit, le maquis est détruit. On perce l’avenue Junot entre 1910 et 1912, les immeubles remplacent le bidonville et bientôt le château des Brouillards est menacé de disparition.
Heureusement pour l’âme de la butte et l’histoire de Paris, Victor Perrot, président de la société du vieux Montmartre, rachète la folie et la restaure en y installant notamment l’électricité.
Il revend ensuite la partie de la propriété qui donne sur la petite allée des Brouillards et garde l’autre.
Cette dernière était en vente il y a deux ans. L’est-elle encore aujourd’hui ? Nous n’en savons rien, aucune information n’ayant filtré depuis novembre 2012.
Allez donc, à l’aube ou au crépuscule, quand les touristes sont partis, vous imprégner de l’ambiance si montmartroise du château des Brouillards, de son allée (idéale pour une photo !), de la place Casadesus et de la rue Simon –Dereure.
Qui sait peut-être croiserez-vous le fantôme de Nerval cherchant le calme qui l’avait séduit il y a près de 180 ans.
Château des Brouillards, Allée des Brouillards, 75018
